SANTE MENTALE ET TROUBLES MENTAUX.

Éviter la confusion

La santé mentale est un aspect positif de la santé et elle se retrouve dans la définition de l’OMS.

Il ne faut pas donc confondre santé mentale et troubles mentaux. C’est quand il y’a perturbation de cette santé mentale que l’on peut parler des troubles mentaux qui sont de 3 ordres :

  • Troubles psychologiques
  • Troubles neurologiques
  • Troubles psycho-sociaux

En RDC les pathologies les plus fréquentes sont les psychoses aigues parmi lesquelles les bouffées délirantes, les accès maniaques et les états confusionnels. La grande caractéristique de ces psychoses dans nos milieux est que le pourcentage de troubles psychiatriques ayant une assise organique est très élevé. Ainsi la trypanosomiase, la tuberculose, la malaria cérébrale chez les enfants et les traumatismes sont souvent retrouvés dans l’histoire des patients que l’on amène chez le psychiatre.

La trypanosomiase, la tuberculose et la malaria en cause

Ensuite vient la schizophrénie qui est une psychose chronique se caractérisant par une perturbation profonde de la personnalité. On constate chez le schizophrène une indifférence d’humeur sur le plan affectif (l’humeur n’est pas modulée par les influences extérieures). Au plan comportemental le schizophrène pose des actes bizarres et incompréhensifs (rires ou pleurs non motivés) et affiche une négligence corporelle et vestimentaire. Sur le plan de l’intellect il y’a désintégration très marquée : idées sans suite logique, phraséologie incompréhensible, etc.

L’épilepsie constitue 30% des motifs de consultation au C.N.P.P du Mont Amba. Mais là, il ne faut pas toujours s’attendre à des crises classiques du grand mal. Il y a des crises toniques ; cloniques ou des absences passagères dues à l’épilepsie.

Un enfant de 5 à 7 ans qui ne parle pas encore, ou un enfant de 14 ans qui a l’intelligence d’un enfant de 8 ans souffre d’un trouble appelé arriération mentale. Viennent les troubles dépressifs. Il s’agit des gens dégouttés de tout,  qui manque de plaisir, des personnes découragées et très souvent chez eux, le corps qui parle par des céphalées, de la diarrhée, de la constipation ou des palpitations cardiaques. C’est-à-dire que le syndrome corporel est dominant. Ainsi devant des céphalées qui n’en finissent pas ; des lombalgies rebelles à tout traitement il faut sonder le côté psychique du malade.

Enfin nous avons les troubles dus à l’alcool ou plus précisément au manque d’alcool chez les buveurs invétérés : tremblement ; nervosité, troubles de la concentration et… délirium tremens.

On ne délire que sur son vécu

Les troubles psychiques prennent la coloration de notre culture. Le « Mukongo » incriminera l’oncle maternel tandis que le « muluba » la tante paternelle. Dans nos milieu le malade n’est amené chez le psychiatre qu’en désespoir de cause et parce qu’il perturbe l’ambiance sociale. On amène d’abord le malade dans un groupe de prière ou chez le tradipraticien. Le psychiatre consulte moins de 20% de ses malades et ces derniers lui arrivent des mois voire des années après les débuts des troubles. Cela est dû non seulement à l’ignorance du malade mais aussi à celle des médecins généralistes et de la plupart des professionnels de santé.

La prise en charge doit être globale. Elle commence avec la promotion de la santé mentale qui doit être faite par l’administration de la santé, les médecins généralistes, la sécurité sociale et les associations telle que la société  congolaise de neuropsychiatrique ; la ligue congolaise contre l’épilepsie ou la société congolaise de neuroscience. Elle comprend la prévention qui consiste à cibler  les facteurs déclenchants et curatif à deux volets : un volet physique qui utilise la chimiothérapie ou des électrochocs au besoin et un traitement moral : la psychothérapie qui peut être individuelle ou collective.

Elle vise à renforcer la personnalité, lutter contre la timidité ; elle peut  être une psychothérapie de déconditionnement ou une psychothérapie de soutien.

Enfin, la prise en charge doit aboutir à la réinsertion psycho-sociale du patient. Malheureusement en RDC  le traitement se situe à un seul niveau, celui de la chimiothérapie.

Santé mentale et soins de santé primaires

On tend vers la « désinstitutionalisation » des soins. Cela veut dire que chaque centre de santé, chaque commune doit être capable de prodiguer les premiers soins en cas de troubles mentaux. Cela ne veut pas dire qu’il faut supprimer les centres de santé spécialisés. Il y’a là excès  de langage et mauvaise vision des problèmes de soins de santé mentale.

L’OMS estime qu’il faut 1 neuropsychiatre pour 70.000 habitants. Il y’a en RDC très peu de neuropsychiatriques qui tous sont concentrés dans quelques grandes villes. Avec une population de plus de 80.000.000 d’habitants, nous sommes loin du compte.

Par ailleurs, que ça soit à la faculté de médecine ou dans les différentes écoles d’infirmières le nombre d’heures destinés à l’enseignement de la neurologie et de la psychiatrie est insuffisant. Or d’après l’OMS 1 malade sur 3 a un problème de santé mentale

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