MÉDICAMENTS. SPÉCIALITÉS ET GÉNÉRIQUES

Pompeusement appelées «  spécialités » des copies des molécules anciennes emplissent les rayons de pharmacies en RDC. On les retrouve surtout dans les multiples boutiques qui longent les principales artères des grandes villes. (On peut en dénombrer des dizaines sur moins de deux kilomètres).

C’est une tricherie grotesque de les présenter comme spécialités aux malades qui eux n’y voient que du feu.

Dans l’exposé de motifs de l’arrêté portant réglementation du secteur pharmaceutique il est dit : « De nombreux dégâts et délits étant constamment commis  dans le secteur pharmaceutique aujourd’hui, les pouvoirs publics ont l’obligation de le moraliser.

Des pratiques criminelles, fraudes, falsifications, tromperies et autres abus de toutes sortes dénoncés dans le commerce des médicaments en RDC constituent des motifs suffisants pour renforcer sans tarder la règlementation pharmaceutique.

La signature de l’arrêté ministériel portant création de la commission pharmaceutique nationale devrait renforcer le travail de conception et de suivi des activités de la Direction de la pharmacie en tant que service nationale de réglementation et de mise en œuvre de la politique nationale de la RDC.

La commission pharmaceutique nationale a pour objet l’étude des problèmes posés dans le secteur pharmaceutique et parapharmaceutique ; notamment les problèmes relatifs à la réglementation et au contrôle de qualité, à la pharmacovigilance, à la pharmacopée nationale, à l’agrément des médicaments, à la publicité sur les médicaments et le suivi de la politique  pharmaceutique nationale.

 

Ces génériques qui redeviennent des spécialités pharmaceutiques  

 

  • Est générique, toute spécialité qui, au bout de quinze à vingt ans, tombe dans le droit commun et cesse d’être protégée par le brevet d’invention et/ou du certificat de protection de la propriété
  • Est spécialité pharmaceutique, une formule inédite produite par un laboratoire et commercialisée sous une dénomination commerciale, elle bénéficie d’un brevet d’invention, d’un dépôt légale pour la protection de la propriété intellectuelle et elle est consommée dans le pays d’origine.

Une spécialité pharmaceutique tombe dans le domaine public, dix à vingt ans après sa mise sur le marché.

Ce qui habituellement profite à des sociétés de seconde zone qui rachètent le brevet et produisent  des génériques. Actuellement, ces grands laboratoires ne veulent plus céder le gâteau et n’entendent plus se laisser doubler ; c’est pourquoi, ils développent leurs propres molécules. Sans pour autant abandonner la recherche systématique qu’ils financent avec le pactole provenant de leurs génériques, ces laboratoires pharmaceutiques travaillent sur deux axes :

I. Le premier axe est double

  1. Le développement de nouvelles molécules qui, en cas de succès, rapportent des bénéfices plantureux.
  2. Le développement des anciennes molécules dont ils améliorent les propriétés pharmaceutiques afin d’obtenir des rallonges de licences et de nouvelles indications.

II. Le deuxième axe, est basé sur les génériques à partir de leurs propres molécules.

Et quid de ces « spécialités qui sont déversées en RDC

Peut-on parler de spécialités ou d’une guerre des copies que se mènent certaines maisons de la place pour des parts de marché  avec l’aval de la direction de la pharmacie et de la mise en sourdine de la commission pharmaceutique nationale.

  1. Des produits non consommés dans le pays d’origine : abusivement, appelés «  spécialités » (ForExport), elles permettent de garantir le fonctionnement des unités de production et l’utilisation de la main d’œuvre dans le pays d’origine.
  2. Les façonniers : subventionnés ou bénéficiaires du dumping, c’est plus l’export qui est encouragé car la délocalisation favoriserait la sortie de devises ; or le but poursuivi est la rentrée des devises par la vente à l’extérieur des surplus.

Cette approche exclut une frange importante de la population à l’accès à une médecine de qualité avec des produits de qualité. On évite un traitement efficace en lui substituant des solutions palliatives.

Des décideurs incompétents viennent aux affaires sans ambition ni idéal, se contentent des slogans et refusent à la population les infrastructures de santé dignes sous  prétexte qu’il n’y a pas assez d’argent pour tout le monde. Observez  les budgets de santé en RDC.

Tous les progrès scientifiques sont refusés à la population par des inepties des décideurs par manque de volonté politique avérée : entrent dans notre pays de produits sous-dosés, mal façonnés, périmés et/ou même  inutilisés dans les pays d’origine « for export ». Comme dans notre pays, n’existent pas des lois rigoureuses pour la protection de la santé : pas de prospective, pas d’ambition nationale pour la qualité des soins, ce qui est contraire aux droits et libertés de l’homme.

  1. De la concurrence déloyale avec l’aval du Ministère de la Santé

 Une concurrence loyale ou légale est génératrice de qualité et de sûreté. En commerce, la concurrence n’est pas mauvaise car elle profite habituellement aux consommateurs par son incidence sur les prix ; mais telle qu’elle est vécue en RDC, elle est nuisante pour les opérateurs  économiques en dévoilant leur courte vue : le manque de prospective. Par contre, ils se gargarisent  de marketing agressif, euphémisme, pour dire les produits pharmaceutiques dans la rue à même le sol. « Biloko » avec comme conséquence le bradage de la profession pharmaceutique.

Ce fléau découle de plusieurs causes :

  • L’octroi abusif sur le marché pour des produits pharmaceutiques que les différentes maisons dénomment « spécialités » fait qu’il y a pléthore de dénominations qui se chevauchent en démontrant le peu d’exigence que les services de réglementation accordent au dossier technique. C’est le lucre qui est poursuivi et non l’exigence de la qualité.
  • La mise en sourdine de commission pharmaceutique nationale laisse la bride libre au service de réglementation. Ce service reste juge et partie et les effets néfastes en sont palpables dans le secteur.
  • La recherche effrénée du monopole de certaines molécules cohabite mal avec le libre choix : le prêt à porter pharmaceutique débouche sur la subordination des fonctionnaires.
  1. Et les pharmaciens.

Pris entre l’enclume (les opérateurs économiques qui tiennent les ficelles du secteur) et le marteau (l’arsenal administratif de différents ministères), les pharmaciens clochards et quémandeurs d’emploi ne peuvent défendre leur profession face au bradage et sont poussés à quitter le secteur par les honorés confrères censeurs de l’administration (Super vision, tutorat…) afin de mieux battre la semelle.

Le fait de dénoncer l’incendiaire ne doit pas nous empêcher de chercher les meilleurs moyens de combattre le feu.

 

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