Le traitement d’épreuve

De nos jours la technologie offre au praticien des moyens d’investigation très variés qui lui permettent de faire le bon diagnostic (ce qui n’est pas toujours le cas) et de mieux prendre en charge son malade.

Il y a quelques décennies la majorité de centres de santé dans notre pays se contentait d’avoir un microscope, un hémoglobinometre et quelques réactifs. On appelait  ça un laboratoire.

Des diagnostics ont été posés juste avec une radiographie standard du thorax ou un abdomen à blanc. Nos maitres de l’époque nous ont appris l’art de l’écoute, la technique de l’auscultation, de la palpation et de la percussion.

Le toucher rectal, le toucher vaginal ont permis à des générations de chirurgiens et de gynécologues d’apprécier l’état des organes accessibles et même de décider de l’opportunité d’une intervention chirurgicale.

Des laparotomies exploratrices ont sauvé des  centaines voire des milliers de vies.

Nous voyons certains confrères proposer des échographies pour une hernie ombilicale, inguinales ou une appendicite.

Un abdomen aigu doit-t-il attendre les résultats du scanner avant sa prise en charge. Des cas malheureux où un temps précieux a été perdu entre la réalisation de l’examen et la prise en charge sont fréquents. On peut affirmer sans risque d’être contredit que certains décès pouvaient être évités.

Et même dans nos consultations de chaque jour on peut, à la lumière d’un interrogatoire bien conduit et d’un examen clinique complet, penser à une infection urinaire, à un paludisme grave ou à une prostatite.

On peut même faire la différence entre une sinusite frontale, maxillaire ou sphénoïdale sans l’apport (discutable d’ailleurs) d’une radiographie des sinus ou d’un scanner.

Nous sommes peut être vieux jeu mais nous pensons que dans un pays où la majorité de la population est pauvre, priorité devait être accordée (sauf cas de force majeur) au traitement. . La présence d’une collection liquidienne dans l’abdomen peut être décelée sans avoir recours à une échographie.

Combien de praticiens savent lire correctement un EEG, un ECG ou un scanner ?

Certes, on ne va pas soigner une hyperthyroïdie sans l’avoir établie ; on ne va pas mettre un patient sous anticoagulants sans un contrôle régulier des facteurs de coagulation et on ne va pas réduire une fracture sans une radiographie

Dans beaucoup des cas en médecine ambulatoire, une bonne analyse des symptômes, un examen clinique minutieux permettent une approche diagnostique  et un traitement d’épreuve peut etre mis en marche sans avoir besoin d’examens complémentaires.

Cela diminue les frais et peut écourter de façon sensible la période d’invalidité totale ou partielle due à la maladie.

Ce traitement peut être une antibiothérapie probabiliste, un traitement du paludisme, des  antiinflammatoires, des analgésiques, des sédatifs.

Tout dépend du contexte, de l’expérience du médecin, de la connaissance des pathologies les plus courantes, et de l’état du patient.

Un de mes maitres disait que dans nos milieux toute fièvre doit être considérée comme une malaria jusqu’à preuve du contraire (C’était avant le Covid 19). Pourquoi ne pas mettre le patient sous traitement et voir la réponse de l’organisme.

Parce que l’on sait que la plupart des douleurs gastriques sont dues à Hélicobacter pylori et la recherche des anticorps contre cette bactérie n’est pas faisable dans tous les laboratoires ne peut-on pas d’emblée, devant certains cas ne répondant aux antiacides tenter l’éradication de H. pylori avec la trithérapie ou la quadrithérapie proposée dans la littérature ?

Parce que les temps sont durs et les moyens financiers ne sont pas toujours disponibles ne peut-on pas, dans certains cas, s’en tenir aux fondamentaux qui sont : une bonne anamnèse, un bon examen clinique et des examens « standards ».

Jean NGALAMULUME

 

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