BIEN PRENDRE SES MEDICAMENTS

Près de 85% des malades font preuve d’un véritable sens de fantaisie dans la prise des produits pharmaceutiques. Surtout que les médecins eux-mêmes ont tendance à oublier  cet aspect combien important de la thérapeutique.

  1. Ch. est un haut cadre dans l’administration. Il s’occupe également de ses petites affaires qui lui permettent de nouer les deux bouts du mois. Déplacements fréquents, rendez-vous à gauche et à droite. Il doit pourtant soigner une angine car son médecin lui a fait une prescription médicale. Toujours pressé il prend ses antibiotiques quand il y pense, tantôt à jeun ou seulement le soir avant de se coucher. Résultat : au bout de quelques jours la fièvre réapparait et les douleurs de la gorge persistent. Cet échec thérapeutique n’est pas dû à une quelconque résistance au traitement mais à l’irrégularité dans la prise des antibiotiques.

Lorsque le médecin prescrit un produit, il est sensé expliquer clairement le mode d’emploi. S’il ne le fait pas il appartient au patient de poser des questions : Pourquoi  ce médicament ; pourquoi  le soir avant de dormir ; pourquoi pendant le repas, pourquoi à jeun. En cas d’association de plusieurs produits, les effets de chaque produit doivent être expliqués.   D’ailleurs une notice explicative accompagne toujours les produits. Il faut la lire attentivement.

Une question de durée d’action

S’il s’agit d’un antibiotique il doit être absorbé à heures fixes. C’est une question de durée d’action. Si celle-ci est de quatre ou six heures, il faut prendre le cachet suivant quatre ou six heures plus tard exactement. On doit savoir également qu’il ne faut pas interrompre un traitement aux antibiotiques même si on se croit guéri. Les germes non détruits peuvent recommencer à se multiplier avant que les défenses naturelles ne soient à mesure de nettoyer le terrain. En outre, les bactéries indésirables, prévenues, deviennent plus résistantes lorsqu’on reprend le traitement. Cette règle n’est pas valable seulement pour les antibiotiques, si vous souffrez d’hypertension artérielle et que vous n’êtes pas décidé à suivre régulièrement le traitement mieux vaut ne pas l’entreprendre. L’arrêt du traitement  peut entrainer des hausses brusques de tension très graves. Il en est de même pour le traitement antidiabétique.

Avant, pendant ou après le repas

Il  faut avant tout, s’entendre sur les mots. Avant le repas signifie 1h à 2h à distance de celui-ci. Le repas exerce à la fois une action mécanique et chimique sur les médicaments. Cette action peut modifier le devenir du produit dans l’organisme. Ainsi, le bol alimentaire abaisse le taux d’acidité de l’estomac. Les patients qui sont sous traitement d’aspirine au long cours auront intérêt à prendre leurs comprimés au moment du repas afin de diminuer les risques d’ulcère provoqué par une prise prolongée d’aspirine. En revanche, d’autres médicaments à grosse molécule comme les antimycosiques ou des antiseptiques urinaires se dissolvent difficilement. Ils ont donc tout intérêt, pour être efficaces, à subir le plus longtemps possible l’action de broyage mécanique et de dissolution chimique de l’estomac.

Il existe des médicaments qui ne se dissolvent que dans les lipides. Ils ne seront vraiment efficaces qu’associés au bol alimentaire.

Parfois, les vertus du repas font concurrence à celles du médicament. C’est le cas des médicaments qui visent à réduire l’acidité gastrique comme le bol alimentaire. Il est donc inutile de prendre ce genre de médicaments pendant le repas, leurs effets se superposent. Il vaut mieux les prendre quand la digestion est terminée. Il ne reste plus rien pour protéger la muqueuse de l’acidité. Les médicaments prennent le relais.

 

Les antibiotiques et les produits laitiers

L’efficacité et la tolérance de certains médicaments dépendent  aussi de ce que l’on mange et même de la façon dont sont cuits les aliments. Ainsi dans le traitement anticoagulant les aliments comme les choux, les haricots, les épinards doivent être évités. Tous ces aliments contiennent de la vitamine K qui entre en compétition avec le traitement anti coagulant.

Il faut aussi mettre le public en garde sur les interactions entre les antibiotiques et les produits laitiers. Pris en même temps, ils forment un des précipités non résorbables par la muqueuse intestinale et le médicament perd une grande partie de son efficacité (parfois jusqu’à 75%). Donc, produits laitiers et antibiotiques d’accord à condition de les prendre au moins à 2 ou 3 heures d’intervalle l’un de l’autre.

Et la cuisson ?

Dans la viande cuite au feu de bois on retrouve une substance que l’on trouve également dans la fumée de cigarette : le benzopyrène. Or cette substance a non seulement  un rôle cancérigène, mais elle provoque une accélération du métabolisme de certains médicaments qui seront moins efficaces parce qu’éliminés plus rapidement.

Par ailleurs on sait que les fumeurs sont plus sensibles à la douleur et que le tabac accélère la dégradation des médicaments qui sont donc moins efficaces. Quant à l’alcool, il agit de façon variable, soit en amplifiant la réponse de l’organisme au médicament (effet sédatif avec les tranquillisant par exemple), soit en aggravant l’intolérance à un médicament.

En règle générale il faut retenir que toutes les boissons (coca, jus de fruits, thé, café, lait) excepté l’eau réagissent plutôt défavorablement avec les médicaments. C’est pourquoi, il faut conseiller aux mamans qui ont des médicaments à faire prendre à leur bébé de ne pas les introduire dans le biberon.

D’une façon générale, tous les médicaments doivent être pris avec un grand verre d’eau, sinon deux.

Les effets des contraceptifs oraux peuvent être modifiés par des somnifères, des antituberculeux ou des antiépileptiques.

Enfin il ne faut jamais prendre les médicaments par voie orale en étant couché. Il faut toujours les prendre debout ou au moins assis. La position couchée ralentit considérablement le temps d’arrivée du médicament dans l’estomac, donc retarde son efficacité. De plus on a bien vu souvent des ulcères de l’œsophage dus à la présence prolongée de comprimés ou de gélules qui se collent à sa paroi et finissent par l’entamer.