CES MALADES QUE L’ON TRANSFÈRE POUR RIEN

Ambulance
Don d'une Ambulance. Don de l'Artiste Musicien Fally Ipupa à la Division Provinciale de la Santé/ Nord Kivu

Tous les hôpitaux ne sont pas toujours bien équipés et toutes les formations médicales n’organisent  pas  tous les services.

On comprend aisément que l’infirmier du coin transfère un abdomen aigu, un traumatisme grave ou un accouchement difficile à une clinique ou un centre médical de référence pour compétence. On peut aussi comprendre qu’un médecin généraliste transfère  un patient au spécialiste pour «  une meilleure prise en charge ». On peut également comprendre le transfert d’un patient vers un centre hospitalo-universitaire  pour investigations spécialisées et traitement.  Enfin, une fois le diagnostic posé,  on peut, si les moyens le permettent,  envisager de faire bénéficier le patient des techniques de traitement ultra modernes comme la chirurgie micro-invasive, les ultrasons, le pontage coronarien, la greffe d’organes ou la radiothérapie  dans pays étranger.

Toutefois il est difficile de comprendre le cas de cette femme atteinte d’un cancer de l’estomac avec métastases transférée à Kinshasa  par un hôpital de Kananga et qu’on débarque dans une polyclinique  de la périphérie de la ville. Elle est ensuite acheminée aux cliniques universitaires. Elle est décédée une semaine après son arrivée.

Mr. X. a été sorti de la Clinique Ngaliema pour un transfert en Inde. Les médecins avaient diagnostiqué un cancer du foie. Emmené en Inde par la famille, il a été rapatrié quelques semaines après et interné dans l’hôpital  du cinquantenaire où il a rendu l’âme.

Pour notre part nous pensons que les transferts en urgence des cas désespérés ne se justifient pas dans la plupart des cas.

Transférer un patient pour un scanner ou un IRM ne devait se faire que devant une impasse diagnostique chez un malade dont le pronostic vital n’est pas en jeu.

Le gros risque du transfert est de voir la qualité des soins baisser, surtout si le jugement médical et la prise de décision sont délégués. Le contact patient médecin risque d’être moins fréquent, les services fragmentés et inefficaces, le suivi déficient et le traitement incorrect et les complications mal gérées.

La responsabilité de celui qui transfert est donc engagée. S’il est difficile dans certains cas de savoir à qui ou à quelle formation médicale on réfère le malade (cas  d’évacuation à l’étranger), il est souhaitable dans les transferts locaux de savoir à qui (médecin spécialiste) ou à quelle formation médicale on adresse le malade (cabinet spécialisé ; centre neuropsychiatrique ; centre de rééducation fonctionnelle etc.)

Le contact doit être établi et un rapport médical détaillé fait à l’attention toute particulière de la nouvelle équipe soignante.

Par ailleurs un certain réalisme doit guider toute prise de décision en matière de transfert médical. S’agit-il d’une maladie curable ou d’une pathologie pour laquelle le pronostic est sombre ? Certaines maladies chroniques peuvent être gérées par le changement de mode de vie et la prise régulière des médicaments et ne pas nécessiter un transfert couteux.

Un cadre d’une société de la place a été transféré dans un pays du nord de l’Afrique pour des douleurs de dos « terribles ». L’intervention chirurgicale n’a pas réussi et il est revenu au pays sur une chaise roulante.

La famille a-t-elle les moyens du transfert ou doit on vendre maisons et véhicules pour un transfert à l’issue incertaine ?

A-t-on épuisé toutes les possibilités  locales ? Quelles sont les conditions d’accueil, d’hébergement, de surveillance et de suivi dans le pays d’accueil ?

Et après.

Dans tous les cas, on assistera soit à une guérison, soit à une stabilisation des lésions avec ou sans séquelles et au pire au décès du malade transféré. Il est donc souhaitable de prévoir ce qui doit être fait dans tous les cas.

2 Commentaires

  1. Merci bcp pour cet important sujet relatif au transfert de malades. Je pense qu’au Congo, nous devons fournir des efforts énormes pour améliorer le système de santé. L’Etat doit s’impliquer totalement dans la provision des soins à sa population. Dans le contexte où les hopitaux de l’Etat sont souvent mal équipés et manquant les médicaments essentiels, il est difficile d’avoir un système de transfert efficace. En plus, le ministère de santé devrait rendre officiel les differentes attributs et limites des polycliniques privées,des centres de santé, des hopitaux géneraux et des hopitaux de réferences. Par example, une primipare doit obligatoirement s’accoucher dans un hopital géneral, pas dans un centre de santé.

    • Merci pour votre réaction, nous pensons que qu’un effort doit être fait pour connaître les possibilités et les limites de nos hôpitaux, les hôpitaux en province devront être mieux équipés et avoir des spécialistes dans plusieurs domaines.

      Dr NGALAMULUME KANDE Jean

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