LE CENTRE NATIONAL DE TRANSFUSION SANGUINE EN DIFFICULTE

Vers les années 1990 la communauté internationale s’est rendu compte de l’impact de la transfusion sanguine dans la transmission et la propagation du VIH sida.  Sous l’impulsion de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), plusieurs pays dont la RDC, se sont dotés des structures pouvant garantir une manipulation sécurisée de ce produit qui au cours de l’histoire a sauvé beaucoup de vies.

En République Démocratique du Congo la transfusion sanguine relève du pouvoir de l’Etat.

Créé en 1999 par un arrêté ministériel, le Centre National de Transfusion sanguine a pour mission : l’exécution de la politique nationale de la transfusion sanguine ; la coordination des activités transfusionnelles sur l’ensemble du territoire de la République Démocratique du Congo et la mobilisation des ressources matérielles indispensables auprès des partenaires internationaux et nationaux, et la coordination de leur affectation pour la transfusion sanguine en RDC.

Le CNTS est donc responsable de la sécurité transfusionnelle en RDC.  Il doit pour cela disposer des stocks de sang testé qu’il doit bien gérer, protéger le donneur et le receveur et former le personnel pour l’accomplissement de cet acte médical. Plusieurs disciplines sont impliquées : la médecine, la bio-industrie, la sociologie, l’anthropologie, les sciences de la communication.

Don de sang et dépistage

La première difficulté à laquelle le Centre National de Transfusion Sanguine est confronté est la faible mobilisation des donneurs bénévoles de sang.  En effet,  une certaine confusion est entretenue entre le don du sang et le dépistage gratuit des maladies transmises par voie sanguine comme le VIH ou encore l’hépatite. Le centre éprouve d’énormes difficultés à fidéliser les donneurs qui régulièrement (tous les 3 mois) acceptent de participer à cette contribution communautaire lors des campagnes de collecte de sang. Le pourcentage des donneurs familiaux reste élevé.

La mobilisation des donneurs est également entravée par certains tabous et mythes  enracinés dans notre culture. La transfusion sanguine est interdite par certains groupes religieux et stigmatisée par des croyances qui parlent de transfert de caractère ou de comportement. Il y a même des médecins qui proposent des alternatives à la transfusion non maitrisées dans notre en République Démocratique du Congo. Qu’il s’agisse des agents stimulant l’érythropoïèse, de la correction d’une carence martiale, de l’hémodilution normovolémique ou de l’utilisation des produits comme les antifibrinolytiques la marge de manœuvres est restreinte à des situations particulières.

Par ailleurs au moins 70 % des cas de transfusions sanguines dans notre pays concernent les enfants de moins de 5 ans. Le paludisme, l’anémie SS, les parasitoses multiples sont les principales causes de déperdition sanguine exigeant une transfusion parfois en urgence. A cela s’ajoutent les hémorragies à la suite d’accouchements laborieux, les pertes sanguines au cours des accidents de circulation ou au cours des interventions chirurgicales majeures.

Le prix d’une transfusion

Une poche de sang est cédée à 10 $ US. Cela n’est pas à la portée de tous surtout que la transfusion intervient dans le contexte d’une prise en charge globale du patient avec son cortège des dépenses souvent non programmées : achat fiche, consultations, hospitalisations, ordonnances médicales etc. En outre le patient et sa famille confondent toujours l’acte médical de transfusion avec le « prix du sang ». Or il s’agit d’un acte que chaque formation médicale facture selon sa propre tarification.

 

Des partenaires qui se retirent

Les campagnes de collecte de sang  ne peuvent être organisées que moyennant un minimum de fonds.  Le transport du personnel, la sensibilisation, la motivation des agents, la collation pour les donneurs, tout cela a un cout.

A sa création  le Centre National de Transfusion Sanguine a bénéficié de l’appui des partenaires qui aidaient à l’organisation des collectes et à son fonctionnement. Même une prime de performance était allouée au personnel. Ces partenaires c’étaient la Banque Mondiale, le Fonds Mondial et surtout le CDC (Centre de Contrôle des Maladies et de la Prévention). Depuis quelques années ces partenaires traditionnels n’apportent plus leur soutien logistique et financier au CNTS. La collaboration avec la Banque Mondiale a cessé depuis 2006, le Fonds Mondial s’est retiré en 2012 et le CDC ne subventionne plus directement le CNTS depuis 2014. Tout repose désormais sur le Gouvernement de la République. Les collectes sont devenues rares, plus de prime pour motiver les agents.

Une politique de petits moyens

Face à cette situation le Centre National de Transfusion Sanguine ne peut que faire la politique de ses moyens en recyclant les collectes. Des messages de sensibilisation destinés aux populations obstacles sont programmés. Il s’agit de toucher des chefs coutumiers, des chefs religieux et des professionnels de santé réfractaires à la transfusion sanguine. Un partenariat local doit être encouragé et un lobbying auprès des personnalités et ou des entreprises, des commerçants, des églises avec comme objectifs l’organisation des collectes et ou la récolte des fonds. La Fédération des Entreprises du Congo peut contribuer en sensibilisant ses membres.

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