Jeunes hommes ; attention à la prostatite.

La présomption clinique de cette maladie fréquente est relativement aisée. Et pourtant plusieurs jeunes adultes qui se plaignent des douleurs inguinales ou des douleurs au bas ventre ou de des douleurs dans une fosse iliaque sont orientés directement vers le chirurgien avec comme diagnostics : hernie ou pointe herniaire, appendicite, varicocèle. La prostatite chronique peut aussi présenter ces symptômes.

Avant d’envoyer le malade au bloc opératoire mieux vaut s’assurer  qu’il ne s’agit pas de prostatite chronique chez un jeune homme  sexuellement actif. Dans certains cas les signes urinaires peuvent manquer ou être relégués au second plan par le patient.

Des plaintes atypiques

D’origine bactérienne, la prostatite peut être aigue ou chronique. Elle fait suite dans la plupart des cas à de infections urinaires à répétition.

Toute infection urinaire accompagnée de fièvre  est une prostatite aigue chez un jeune adulte de sexe masculin jusqu’à preuve du contraire.

La prostatite aigue peut se présenter comme une grippe avec des douleurs diffuses musculaires et ou articulaires ; comme une malaria grave avec fièvre (rechercher impérativement les signes urinaires) ; comme une pointe herniaire avec des douleurs inguinale ou même ressembler à une appendicite aigue. Les plaintes dans la prostatite chronique  peuvent être un dysfonctionnement érectile (impuissance, éjaculation précoce, douleurs à l’éjaculation) , des difficultés à uriner, des envies trop pressantes de se soulager , des douleurs simulant une pointe herniaire ou une appendicite «  chronique ».

Un testicule douloureux, une sensation de corps étranger dans l’anus ou une chaleur au niveau des organes génitaux devraient amener le médecin à examiner la prostate. Une douleur  lombaire basse  a même été retrouvée dans certains cas de prostatite chronique. Chez des personnes plus âgées (60 ans et plus) une tumeur bénigne de la prostate peut occasionner une stase des urines et une infection de la glande. Cette complication   se manifeste par douleur aigue et une impossibilité totale d’uriner. C’est une adenomite.

Des modifications des paramètres spermatiques sont observées au cours de la prostatite mais leur impact réel sur la fertilité masculine n’est pas établi. On ne peut donc pas affirmer qu’une prostatite peut rendre stérile.

Le toucher rectal

Le toucher rectal est un examen clinique simple, bien accepté quand il est bien expliqué et rentable par les informations qu’il va apporter. En cas de prostatite il est douloureux et si le patient est couché sur le dos les jambes écartées on le voit décoller de la table d’examen à cause de la douleur. Il est indiqué non seulement chez les 50 à 75 ans dans le cadre de dépistage du cancer de la prostate mais aussi chez tout jeune adulte qui présente des troubles urinaires ou qui consulte pour un dysfonctionnement érectile ou une infertilité. En urgence il est pratiqué devant toute douleur abdominale ou pelvienne.

Des examens de laboratoire permettent de confirmer le diagnostic et d’isoler le germe responsable.

La réponse à un traitement antibiotique bien conduit est généralement rapide en cas d’épisodes aigues. Le produit entre plus facilement dans une glande enflammée. Par contre le traitement de la prostatite chronique est long  et souvent décevant. Les antibiotiques sont d’intérêt limité pour éradiquer les foyers d’infection chronique.

Un traitement long et parfois décevant

En première intention on utilisera les fluoroquinolones (ciprofloxacine, levofloxacine, ofloxacine tavanic etc.,). Un traitement qui peut durer 4, 6  voire 12 semaines.

En deuxième intention le sulfaméthoxazole triméthoprime (bactrim) aurait donné des bons résultats d’après certains.

Une antibiothérapie associée à des massages prostatiques réguliers (2 ou 3 fois la semaine) fait également partie de l’arsenal des traitements préconisés.

Ainsi ne peut-on pas revoir les hypothèses diagnostics  devant tout jeune adulte de sexe masculin qui se présente avec de la fièvre, des troubles  urinaires, des courbatures, une fatigue généralisée et penser aussi à la prostatite en plus de nos diagnostics habituels de malaria et fièvre typhoïde.  Un toucher  rectal ne coute rien et on peut ainsi éviter une évolution vers la chronicité qui exige des traitements longs et couteux.

 

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