CHIRURGIE DE CHEZ NOUS : LE PARCOURS DU COMBATTANT

Arriver à se faire opérer ou à faire opérer un de ses proches est dans beaucoup de cas un véritable parcours du combattant.

La première consultation éclairée, c’est-à-dire celle faite par un chirurgien ou par un généraliste compétent n’intervient que longtemps après les premiers symptômes ou signes d’appel. Cette période varie de quelques jours à plusieurs mois. Avant de voir le praticien, on est passé par le voisin, le pasteur, le féticheur et par le dispensaire du coin. Tout le monde a donné son avis, tout le lavement au tangawisi, une tisane ou même un comprimé n’ont pas arrangé la situation.

Bilan, diagnostic et traitement symptomatique

Le chirurgien doit évidemment asseoir son diagnostic. Des examens du laboratoire sont demandés. Le patient peut dans certains cas attendre jusqu’à deux mois ces examens, surtout s’il faut nécessairement les faire aux Cliniques Universitaires et l’INRB. S’il faut des radiographies, un Scanner ou une échographie, on remet d’abord au patient une facture proforma qui va lui permettre de chercher à réunir le montant.

Cela peut également prendre un bon mois.L’hospitalisation intervient qu’après ce tour de force. On a fait la collecte auprès des frères et amis au pays et grâce à Western Union, les parents vivant en Europe ont également fait un geste.

Une fois le malade hospitalisé, la préparation du patient à l’intervention commence par le paiement d’un acompte et la recherche à travers toute la ville du matériel. Les anésthésiques, les fils, les dondes gastrisques, les sondes urinaires,  les trousses de transfusion, les liquides de perfusion, tout doit être amené par le malade. On a déjà vu des ordonnances de matériel d’otéosynthèse !

Réunir ce matériel pose un gros problème à la famille qui, dans la plupart des cas, ne sait pas faire la différence entre une sonde naso-gastrique et une sonde urinaire, entre le dexon et vicryl !

Enfin le diagnostic est posé et l’intervention programmée. Une dernière ordonnance est remise eu patient  parce que le chef de service pense qu’il faut encore une unité de sang et que les compresses sont insuffisantes.

 

 

Factures pro forma et ordonnances

Le jour prévu pour l’intervention, une malheureuse panne d’électricité qui a duré toute la matinée oblige le chirurgien à remettre son travail au lendemain. D’ailleurs l’anesthésiste n’était pas disponible.

Ce n’est qu’une semaine après le jour prévu que le malade entre dans la salle d’opération. La famille n’en peut plus.

On ne peut tout prévenir au cours d’une intervention chirurgicale et les parents du patient doivent être aux aguets à la porte de la salle d’opération car à tout moment peut surgir l’infirmier avec une ordonnance extrêmement urgente.

Une fois c’est le chirurgien lui-même qui a laissé une patiente sur la table d’opération pour aller chercher un produit indispensable chez lui.

Quand l’intervention se termine, c’est un ouf de soulagement et pour le chirurgien et pour la famille du patient. On ramène ce dernier en chambre et c’est les courses qui recommencent pour la recherche et l’achat  des produits pharmaceutiques. A chaque tour de salle c’est une ordonnance que l’on remet  à celui que l’on retrouve au chevet du malade, qui qu’il soit. S’il y a des complications et que le malade doit être réopéré, on repart à zéro.

En cas, de guérison ou de stabilisation des lésions, le malade incapable de payer l’hôpital est pris en otage, il doit hypothéquer un poste de télévision ou un appareil de musique.

Quand enfin il sort de l’hôpital, le bailleur le met dehors parce que ça fait 5 mois qu’il n’a pas payé le loyer. Il a des problèmes avec son employeur pour absence prolongée. Et dire qu’il doit continuer les soins en ambulatoire.

Ngala Kande

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